Karine Lemery cueille des souvenirs disparus, récolte des petites choses négligées, glane de gracieuses boîtes à couvert et d’antiques lampes à pétrole, ramasse les délaissés, redécouvre les précieux tissus de sa grand-mère. Elle classe, entrepose, range sans idée préconçue des futures utilités. Elle se constitue ainsi une bibliothèque de formes et de couleurs, un catalogue et une palette.
Son art est lié à la contingence de ces rencontres, une sorte de plastique de l’hétéroclite et de l’imprévu. Commence alors un travail d’alchimiste, les fragments sont ré-agencés, re-combinés, ces restes d’objets manufacturés et standardisés se translittèrent en de la poésie en volume. Les délaissés redécouvrent une mémoire, et la vie souffle à nouveau. On est alors confronté à un mélange indéfinissable de déjà-vu et de surprise, de nostalgie lointaine et d’étrange familiarité, comme si ce bestiaire imaginaire nous parlait de notre humanité.
Ses dessins, ses mobiles ou ses sculptures, constitués de strates superposées de nos quotidiens, sont pleins de sourires fragiles et de clin d’œil délicats. Les yeux de ses improbables zozos, l’agilité des mouches électriques, la grâce des danseuses aériennes nous plonge dans une fantasmagorie élégante et déliée.
Karine est une Petite Main de la République, nous avons exposé ensemble avec grand plaisir aux dernières Manufactories.